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    Mon Bouquin - Survivarium

    W-V-A
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    Message  W-V-A Mar 15 Nov 2011 - 12:51

    Comme certains ont pu le voir sur ma présentation, je suis auteur d'un livre. N'ayant pas les moyens de le publier, je laisse souvent, en guise de trace de mon passage quelque part, le premier chapitre de mes écrits.

    J'adore écrire, j'ai plusieurs autres romans action/thriller/horreur en cours, en plus du deuxième (presque terminé) et troisième tome qui composent la trilogie de "Survivarium".

    Mais trêve d'inflammations de chevilles, voici le premier chapitre de Survivarium intitulé : "Les Règles du Jeu".

    edit by myself : je suis désolé pour la mise en page un peu foireuse, c'est un copié/collé issu de mon traitement de texte, qui ne justifie pas les paragraphes et ne met pas de tabulations en guise d'alinéa...


    Mardi 29 janvier 2008
    Kriegsheim, France (Alsace)

    Il était trois heures et quart du matin lorsque Melissa ouvrit les yeux. Elle ne se rappelait pas d’avoir rêvé pendant son sommeil, et son réveil était plus qu’étrange. Aucun bruit, que ce soit une voiture, un réveil, ou même une personne qui parlait. C’était plutôt… Une odeur... Oui, ça sentait quelque chose. Un truc bizarre. Ça puait carrément !
    Melissa vivait dans un petit village en plein milieu des champs, et elle se rassura en se disant qu’un paysan avait sûrement semé un genre d’engrais, ou du fumier sur ses terres. Mais ça sentait trop fort pour que ça vienne de dehors. C’était bien chez elle.
    Peut être qu’elle ou ses parents avaient oublié de fermer le réfrigérateur, et que le fromage commençait à faire des siennes dans la maison. Au pire, c’était peut être un rat ou une autre bestiole qui s’était égarée dans la maison, avant de passer l’arme à gauche. Mais bordel, qu’est ce que ça puait !

    Doucement, elle tira sa couverture pour masquer son nez et sa bouche, laissant tomber ses longs cheveux blonds sur son visage, créant ainsi une couche supplémentaire qui la protégeait de l’odeur qui envahissait ses narines. Mais il n’y avait rien à faire, ça empestait dans toute la pièce.
    Soudain, un petit bruit se fit entendre. C’était la porte de sa chambre qui s’ouvrait lentement, grinçant légèrement. Elle distingua une silhouette debout, immobile. Elle commença à marcher vers le lit de Melissa, qui observait, allongée sur son côté gauche, morte de peur. Rapidement, elle distingua le visage qui lui était familier, son frère, Jonathan.

    Tu sens comme ça pue, lança-t-il d’une voix très basse, comme s’il ne voulait réveiller personne.
    Un peu que je sens, répondit Melissa d’une voix encore tremblante. Tu sais c’que c’est ? On devrait aller voir Papa et Maman, parce que là, c’est insupportable.
    Laisse tomber, ils sont en train de nous faire une petite sœur… Je les entends depuis un quart d’heure.
    Rien à cirer, répondit sèchement Melissa. J’me lève…

    Elle se leva, et enfila un gros sweat noir avec une capuche qui était trop grand pour elle, masquant sa culotte blanche ornée de dentelles fines. Elle avait 22 ans, et son frère en avait 16. Comparé à ce que l’on peut penser du rapport frère-sœur, ils avaient de très bons rapports entre eux, et s’entendaient très bien.
    Elle descendait discrètement les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée, et elle commençait à entendre les soupirs de sa mère, probablement en pleine action. Un bruit flasque et répété lui confirma que l’acte était bel et bien entamé. Mais elle était déterminée, écoeurée par l’odeur. Elle ouvrit brusquement la porte fermée de la chambre de ses parents.

    « Excusez moi d’interrompre votre… »

    Elle ne put finir sa phrase. Elle était pétrifiée. L’odeur semblait venir de cet endroit. C’était comme si elle en trouvait la source dans la chambre. Bien évidemment, les mouvements et les bruits provenant du lit s’arrêtèrent, et elle aperçut la silhouette de sa mère, à en juger par les cheveux longs, qui était par-dessus, tourner vivement la tête. Melissa, dans un élan de curiosité et de profond dégoût, frappa violemment sur l’interrupteur, qui alluma la lumière de la chambre.

    Sa mère était bel et bien au-dessus de son père, mais elle avait la bouche pleine de sang, et des morceaux visqueux noirs, parfois bleus, pendaient le long de ses lèvres. Elle avait les yeux remplis de noir, et elle semblait fixer sa fille. Lorsque cette dernière baissa les yeux pour observer son père, elle crut que son cœur allait s’arrêter de battre. Il était allongé sur le dos, sa tête ayant roulé jusqu’au sol. Une immense flaque de sang décorait les draps blancs du lit.
    La mère, après quelques secondes d’observation, se leva d’une façon fulgurante, et se mit à courir en direction de sa fille. Melissa, paniquée, fit un bond en arrière, tout en refermant la porte, puis elle se laissa tomber en arrière. Jonathan, qui n’avait rien vu de ce qui se passait dans la chambre des parents, aida Melissa à se relever, et avant même qu’il ne puisse ouvrir la bouche, un grand bruit se fit entendre et des éclats de bois giclèrent de la porte. La mère des deux jeunes avait fait un trou dans la porte, laissant assez de place pour passer sa tête. On aurait dit qu’elle essayait de mordre ses enfants, bien qu’ils soient à deux mètres d’elle.

    « Putain c’est quoi ça, hurla Jonathan. »

    Une vitre se brisa derrière eux. C’était celle du salon. Melissa se retourna tout en se levant, et vit un parfait inconnu s’introduire par la le trou béant. Sa terreur redoubla lorsqu’elle vit que cet homme avait la mâchoire inférieure qui ne pendait plus qu’à un cartilage complètement ensanglanté.

    « Faut monter au premier, toussa Melissa tout en poussant son frère vers l’escalier par lequel ils étaient venus. »
    « Mais il se passe quoi, là, continua Jonathan tout en courant. »
    « J’en ai rien à foutre, j’veux pas me faire bouffer ! »

    L’homme commença à courir après eux. Il était animé d’une sorte de rage, car il se cognait contre les murs, la table basse du salon, et même la rambarde des escaliers, sans sembler ressentir une quelconque douleur. Alors qu’il montait les escaliers, il trébucha, et tomba. Lorsqu’il se releva, sa mâchoire était tombée, et cela ne semblait toujours pas l’inquiéter.
    Lorsque Melissa arriva dans sa chambre, elle attrapa son frère, et le tira violemment dans la pièce, tout en claquant la porte, en prenant soin de la fermer à clé. Cette fois-ci, la porte ne se brisa pas, mais l’homme frappait désespérément, à une cadence acharnée. Chaque coup qu’il donnait faisait sursauter les deux jeunes. Ils étaient obnubilés par la porte, se demandant quand elle allait céder sous les coups de l’étranger. Mais Jonathan sortit de sa torpeur, et fonça vers la fenêtre.

    « Meli, fit-il, ayant retrouvé un peu de calme. Prend un truc avec lequel on pourra taper. Un truc long et pas trop lourd, j’ai une idée… »
    « Qu’est ce qu’on va faire, répondit Melissa, tout en fixant la porte. »
    « On va monter sur le toit, et dès qu’il va essayer de nous atteindre, on va le frapper. Il va tomber du toit et se gameller la gueule sur la terrasse en béton en bas. »

    Dès que Melissa comprit le plan de son frère, elle alla à son bureau, où elle faisait habituellement ses devoirs, et s’accroupit pour regarder en dessous. Elle mit la main sous la table. Au fond, contre le mur, elle prit un bâton télescopique. Elle se leva, fit un grand mouvement de bras vers le bas, et il se déploya. C’était un bâton d’environ trente centimètres, fait d'un métal assez résistant, et qui faisait extrêmement mal si on savait s’en servir. Elle se rendit à la fenêtre où son frère l’attendait.

    « Vas-y, fit-il. Passe d’abord… »

    Elle leva son pied droit, et le mit sur le rebord de la fenêtre. A ce moment précis, elle entendit un nouveau coup dans la porte, mais qui était beaucoup plus puissant que les autres fois. Elle s’était dégondée ! Elle tourna la tête, et vit l’homme qui n’avait pas perdu une seconde, qui courait de toute sa vitesse vers la fenêtre. Jonathan prit sa sœur par les fesses, et la poussa d’une force surhumaine vers le haut, où elle pu s’accrocher pour atteindre le toit. Elle se mit à plat ventre, prête à frapper quiconque pointerait sa tête par la fenêtre. Elle était à la bonne portée pour frapper de façon à ce que l’assaillant tombe.
    De là où elle était, elle n’entendait pas ce qui se passait dans la chambre, et elle espérait voir son frère sortir sa tête. Un léger vent soufflait, et elle attendait, respirant vivement. Puis elle vit la tête de son frère sortir de la fenêtre, scrutant l’horizon. Elle l’appela par son prénom, et il leva la tête vers le haut. Melissa poussa un énorme cri de terreur. Il avait une joue arrachée, laissant sa dentition à l’air libre, et ses yeux étaient noirs, comme ceux de sa mère et ceux de l’inconnu. Dès qu’il vit sa sœur, il poussa un petit cri et se précipita sur le toit.
    Melissa savait ce qu’il avait l’intention de faire, mais elle n’osait pas le frapper. C’était son frère, bordel ! Mais il fallait qu’elle le fasse, si elle ne voulait pas se faire déchiqueter. Alors elle prit un gros élan avec son bras droit, et frappa de toutes ses forces la tête de son frère. Ce dernier glissa du toit, et ne put se retenir. Il chuta de quelques mètres, avant de s’écraser, tête en avant, sur l’énorme dalle en béton de la terrasse, juste en dessous.
    Elle reprit son souffle, et elle vit deux nouvelles têtes sortir de la fenêtre. Elle tâcha d’être discrète, mais, comme s’ils l’avaient sentie, les têtes se tournèrent dans sa direction, et virent Melissa. Elle put reconnaître l’inconnu et sa mère, qui avaient la même expression que son frère. Ils s’agitèrent, et tentèrent de monter sur le toit. Cette fois-ci, Melissa ne se laissa pas gagner par le doute, et frappa sans hésiter. Les deux prirent le même chemin que Jonathan, s’écrasant dans le même bruit.
    Melissa ne bougea plus pendant une dizaine de secondes, les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, respirant à la limite de l’hyperventilation. Elle ne réfléchissait même pas, elle se contentait de regarder dans le vide. Puis des questions envahirent son esprit. Une seule lui sembla importante : « Mais qu’est ce que j’ai fait ? Je viens de buter mon frère et ma mère, et mon père est décapité dans le lit… »
    Elle commençait à verser des larmes, et elle faillit lâcher son bâton télescopique. Mais elle n’était pas du genre à être faible. Non, pas elle. Elle n’aurait pas survécu sinon. Elle leva sa tête, et vit les maisons voisines, celles de son quartier. Tout semblait calme. Une nuit comme les autres. Elle voyait la voiture de son père, une BMW type Z3 de couleur rouge. Elle se dit que passer le restant de sa vie sur le toit serait une mauvaise idée, et il fallait qu’elle se trouve un endroit plus sûr, étant donné que n’importe qui pouvait rentrer dans sa maison, et qu’apparemment, d’autres gens étaient comme sa mère et son frère. Elle décida donc de quitter son toit et de prendre la voiture de son père…



    Mardi 29 janvier 2008
    Brumath, France (Alsace)
    Quelques minutes plus tard

    Une douleur l’envahit au niveau de la nuque. Sa position était inconfortable, car il avait mal aux poignets, au dos, et c’était sûrement pour cela que sa nuque commençait à le lancer. Wilhelm ouvrit les yeux enfin. Sa mémoire lui revenait peu à peu. Le tribunal de grande instance, la voiture de flics, ses mains menottées dans le dos, et une fois arrivés à Brumath, ce connard au milieu de la route, et l’accident.
    Il portait un jean avec des baskets noires, et un grand sweat noir. La capuche de son sweat était sur sa tête, et il n’avait nullement envie de l’enlever pour le moment. Ses mains étant attachées dans son dos, et il peina à enlever sa ceinture. Il remarqua très vite que les flics n’étaient plus dans la voiture, mais quelques dizaines de mètres plus loin, probablement passés à travers le pare-brise. Et soudain, clic ! Sa ceinture était détachée. Il s’allongea sur la banquette, et mis un grand coup de pied dans la portière, qui vola dans un grand bruit.
    Il sortit de la voiture en rampant sur le dos, et se mit enfin debout. Il avait les jambes un peu engourdies, mais il fit quelques petits sauts sur lui-même pour les dégourdir. Il se demanda pourquoi personne n’avait vu l’accident, et pourquoi personne ne circulait dans les rues à cette heure-ci. Il était au beau milieu d’un carrefour, et il scruta tout autour de lui, à la recherche d’une âme qui vive. Il entendit des bruits venant d’un buisson derrière lui. Il se retourna et vit un homme ramper. Il avait l’impression de le connaître. Il rampait comme si ses deux jambes étaient cassées.
    Puis soudain, un nouveau souvenir envahit Wilhelm. Ce mec, c’était celui qui était en plein milieu de la route ! Les flics lui avaient foncé dedans, et ce connard était encore en vie ! Mais ce qui l’intriguait c’était les yeux noirs que le rampant avait. Il remarqua ensuite qu’il traînait quelque chose avec lui en rampant. C’était quelque chose de visqueux, et de long. Il écarquilla les yeux, et vit malgré la pénombre… Des intestins ! Il avait les jambes fusillées, ses intestins à l’air, et il continuait à ramper !
    Ne voulant chercher à comprendre d’avantage, Wilhelm fit demi tour afin de déguerpir, mais il vit une demi-douzaine de personnes courir à toute allure dans sa direction. Puis il se souvint de quelque chose d’autre. Sur la radio des flics, il n’avait cessé d’entendre des trucs sur des gens qui devenaient tarés, et qui s’entre-bouffaient les uns les autres. Ils avaient les yeux noirs, et ils ne ressentaient pas la douleur. Un peu comme dans les films de zombies.
    Sans dire un mot, il leur tourna le dos, inspira un grand coup, et commença à courir à toute vitesse aussi. Il avait une foulée d’athlète, et les étrangers n’arrivaient pas à le rattraper. Pendant sa course, il ne compta pas les cadavres jonchant déjà les rues et ça ne semblait pas le déstabiliser. Il pensait surtout à sa propre vie, et pas à celle de ceux qui n’en avaient plus. Les menottes dans son dos commençaient réellement à lui faire mal, mais il donnait tous les efforts qu’il avait pour ne pas perdre de vitesse.
    Dans sa précipitation, il commença à réfléchir où il pourrait bien aller, mais sa réflexion fut interrompue par un bruit de voiture au loin, roulant apparemment à toute vitesse. Il s’engouffra dans la rue dans laquelle il avait entendu la voiture. Il vit des phares au loin, et il accéléra de plus belle. Mais soudain, la voiture sembla rouler sur quelque chose de gros, et elle dévia sur le trottoir, avant de s’encastrer dans un mur. Il vit quelqu’un arriver en courant vers la voiture, et commencer à frapper dans la fenêtre du côté passager. Il savait qu’il s’agissait d’une de ces personnes bizarres, et qu’il y avait encore quelqu'un de normal dans la voiture.
    Il pu distinguer une BMW Z3 rouge, avec une jeune fille à l’intérieur. En train d’essayer de se défaire de sa ceinture, coincée par l’airbag. Elle tourna la tête, et vit Wilhelm qui courait vers elle. Elle sembla redoubler de panique, étant donné qu’il avait une capuche sur la tête, ce qui devait le rendre plus menaçant encore que les agresseurs. Mais une fois qu’il fut à la hauteur de la voiture, il sauta pieds en avant sur le capot, et se laissa glisser dessus, avant de frapper violemment avec son pied droit la tête de l’agresseur qui venait tout juste de briser la vitre. Tout deux tombèrent au sol.
    Wilhelm se tourna sur lui-même, et se releva avec une rapidité extrême. Il s’était ouvert les deux mains en exécutant son action héroïque. Il se contenta de serrer les dents, puis il s’approcha de la demoiselle, qui semblait plus rassurée à présent.

    « Je crois que la bagnole est morte, fit-elle. Va falloir qu’on y aille à pied. »

    L’homme ne dit pas un mot, et la laissa sortir de la voiture. Elle portait également un sweat noir, et semblait avoir été tirée du lit, car elle ne portait pas de pantalon, et elle avait mis une paire de baskets noires, sans avoir pris la peine de les lacer. Wilhelm l’observa discrètement, puis il se retourna, et commença à partir dans la direction par laquelle la voiture était arrivée.

    « C’est barré par là, lança la fille. J’en viens. Y’a des corps partout, et y’a un putain de carambolage. »

    Ayant pris en compte ce qu’elle venait de dire, il se rendit sur le trottoir d’en face, où se trouvait un cimetière. Il y avait un mur d’à peu près deux mètres de hauteur, et il fit un grand saut pour voir ce qu’il y avait de l’autre côté. En retombant au sol, une gerbe de sang gicla au sol, venant de ses mains complètement ouvertes par le bitume et les débris de verre de la vitre. La fille s’approcha de lui.

    « Tu vas quand même pas traverser le cimetière. Et puis pourquoi t’as des menottes ? »

    Toujours muet, l’homme recula de quelques pas, et pris un élan considérable avant de faire un saut spectaculaire par-dessus le mur. Il retomba dessus avec son abdomen, et il se bascula en avant, tombant la tête la première au sol. Il prit soin de rentrer au maximum sa tête à l’intérieur de ses épaules, afin de ne pas se briser la nuque, puis il roula sur lui-même, et en une fraction de seconde, il était debout. Il grogna un instant, car cette acrobatie lui avait fait mal partout, mais il s’en fichait pas mal.
    Il se retourna, et vit les mains de la fille s’accrocher au mur. Elle se hissa lourdement, bien qu’elle n’était pas enveloppée, et elle réussi au bout d’une quinzaine de secondes à passer le mur. Elle se releva et fixa l’homme avec un regard presque menaçant. Ils se regardèrent pendant un bon moment. Elle était mignonne au possible, malgré ses longs cheveux décoiffés et ses jambes pleines de terre, mais Wilhelm ne semblait pas être tombé sous son charme.

    «  Je m’appelle Melissa, fit-elle. Faut qu’on te vire ces menottes, et faut faire quelque chose pour tes mains, tu vas perdre tout ton sang. »

    Lui ne dit rien, et grinça des dents, rien qu’à l’idée de penser à ses mains. Il ne pouvait les voir, et il n’arrivait pas à imaginer l’état dans lequel elles pouvaient être. Mais ses pensées furent interrompues par des bruits de pas rapides venant de derrière lui. Melissa, qui était devant lui, observa par-dessus son épaule, et ses beaux yeux bleus s’écarquillèrent lorsqu’elle vit ce qui arriva. A en juger par le bruit, ils étaient encore assez loin, mais Wilhelm n’eut qu’un mot à la bouche :
    «  Combien, fit-il avec une voix sérieuse. »
    « Quoi, cria Melissa. »
    « Combien ils sont ? »
    « Trois ! »

    Il resta immobile, et releva sa tête. Il la pencha du côté gauche, puis du côté droit. Ses cervicales craquèrent, puis il inspira un grand coup. Il écoutait attentivement les bruit de pas. Melissa était figée, morte de peur. Elle voyait trois personnes, courir, mais ne pouvait distinguer si c'était des hommes ou des femmes.
    D’un geste fulgurant, Wilhelm se retourna tout en sautant, et il porta un splendide coup de pied à la tête du premier assaillant qui était à sa portée. Ils tombèrent tous les deux, lui sur le dos, l’assaillant sur le ventre, la nuque complètement contorsionnée. Le deuxième assaillant semblait l’ignorer, et fonçait sur Melissa. Malgré toutes ses douleurs, et surtout aux mains, dans un effort suprême, il se roula sur sa droite, et faucha les jambes du deuxième assaillant qui tomba au sol. Melissa réagit immédiatement, et déploya son bâton télescopique avant de frapper de toutes ses forces dans la tête. Celle-ci se fendit, et une gerbe de sang gicla en l’air.
    Le troisième assaillant s’arrêta net, immobile. Wilhelm et Melissa n’arrivaient pas à savoir s’il avait peur, ou s’il ne savait pas qui choisir. Cependant, Wilhelm ne perdit pas une seconde, et se leva tout en serrant ses dents, submergé par la douleur de ses mains, puis il tourna sur lui-même, fit un petit saut, et frappa exactement au même endroit qu’avec sa première victime. Le dernier assaillant s’effondra en lâchant un grossier soupir.

    Melissa n’en revenait pas d’avoir survécu à ce qui venait de se passer. Elle était impressionnée par Wilhelm. Il savait se battre. Et ça n’était pas la première fois qu’il le faisait.

    « Wilhelm, dit-il enfin avant de faire demi tour et s’enfoncer dans le cimetière. »




    Mardi 29 janvier 2008
    Strasbourg, France (Alsace)
    Huit heures plus tard

    « Reste à distance espèce de salope, lança Phil. Putain, recule ! »
    « Tu crois que je fais quoi, rétorqua violemment Alex. Essaie plutôt de chopper un truc pour la défoncer ! »
    « Mais cogne la avec une bouteille bordel de merde, hurla Phil. »

    Les deux compagnons avaient tenté de se réfugier dans un bar-restaurant en périphérie de Strasbourg. Dans un sens, ils avaient raison, car c’était un excellent moyen de se barricader, et de tenter de survivre au maximum, mais d’un autre, ils n’avaient pas prévu que les gens complètement dingues y auraient déjà élu domicile. C’était le cas d’une prostituée qui faisait des siennes. Elle était en plein milieu de la pièce, fixant tantôt Phil, tantôt Alex avec son regard aux yeux noirs. Elle serrait les dents et grognait méchamment, ne sachant pas qui attaquer. Dès que l’un faisait un mouvement, elle s’éloignait de l’autre. Et ainsi, les deux compères « jouaient » avec elle depuis une bonne dizaine de minutes.
    Alex parvint à attraper une queue de billard, et comme si la prostituée comprit ses intentions, elle se retourna, et se jeta sur Phil. Ce dernier arriva à l’esquiver de justesse et elle tomba au sol. Alex fonça vers elle, son arme levée, et frappa d’une dizaine de coups l’assaillante. Il frappait tellement fort que la queue se brisa, et du sang giclait à chaque impact, qui laissait émaner un son toujours plus visqueux et flasque à chaque choc. Le crâne de la prostituée se fendit, et des morceaux de cervelle noirs s’éparpillèrent sur le sol.
    C’est Phil qui alla stopper le bras gauche de son ami pour le calmer. Ils étaient tous les deux très stressés, et Phil semblait être plus apte à contrôler la situation que son compagnon.

    « Tout est barricadé, demanda-t-il. Même la porte de derrière ? »
    « Derrière c’est sûr, mais devant, faudrait condamner les fenêtres. »
    « Merde, mais j’en reviens pas. T’as vu ça ? D’abord on aurait dit qu’elle ne savait pas qui attaquer, puis dès que t’as choppé la queue, elle a essayé de me bouffer, comme si elle voulait me prendre en otage ! »
    « Ben c’est peut être pas comme dans les films, répondit Alex. Ils sont peut être pas si cons que ça. »

    Phil était un grand blond aux yeux bleus, qui avait un visage assez angélique, mais il n’en était pas moins un homme acharné et parfois agressif. Il portait un smoking noir, mais il avait enlevé la veste, et quelques taches de sang étaient visibles sur sa chemise blanche. Il avait retroussé ses manches, et on pouvait voir une multitude de tatouages sur ses avant-bras. Des dessins de flammes, et des symboles japonais.
    Alex quant à lui était encore plus grand que Phil, et il était noir de peau. Sa musculature faisait de lui un personnage imposant, et son T-shirt moulant noir lui donnait un air de videur de boîte de nuit. Il portait un pantalon serré bleu nuit et des chaussures de ville sombres. Il avait les cheveux courts, et son regard était perçant, presque méchant lorsqu’il ne souriait pas.
    Ils se connaissaient depuis trois heures à peine. Ils s’étaient rencontrés dans un débit de tabac, Phil voulant acheter des cigarettes, et Alex des jeux de grattage. Ils s’étaient rendus compte qu’ils étaient les seuls encore normaux dans le magasin, avant de battre en retraite, et de se trouver un endroit sûr pour s’isoler.

    Alors qu’ils se mirent à chercher des objets pour barricader les fenêtres du bar, ils entendirent un énorme bruit venant de la porte d’entrée. Ils se baissèrent, et se réunirent derrière le comptoir.

    « Merde y’en a déjà qui essait de rentrer, fit Alex. On fait quoi ? »
    « S’ils sont un tant soit peu intelligents, continua Phil, ils vont peut être essayer de passer par la fenêtre. Faut qu’on s’arme le mieux possible… »

    Il se levèrent rapidement, et prirent chacun deux bouteilles. Ils les brisèrent, de façon à ne garder que le tesson tranchant. Alex lança une queue de billard à Phil, qui la glissa entre sa chemise et son dos, à l’instar d’une épée. Alex fit de même, et ils s’écartèrent, de façon à surprendre les assaillants par une attaque des deux flancs.
    Les coups donnés dans la porte n’étaient pas très fréquents, et ils en conclurent qu’ils n’étaient pas nombreux à l’extérieur. Ils entendaient des grognements étouffés par des soupirs. Les deux se regardaient, les nerfs à vif, prêts à mener leur guerre.
    Puis soudain, il n’y eut plus de bruit. La tension montait dans le bar, la bagarre allait bientôt commencer. Ils respiraient de plus en plus fort, et serraient leurs goulots de bouteille de plus en plus fermement. Le silence régnait.
    Puis d’un seul coup, une vitre du côté d’Alex se brisa. Ce dernier fit un grand pas en arrière afin de ne pas recevoir les éclats de verre, puis il vit une silhouette rouler au sol, qui se releva hâtivement. Alex l’observa un court instant. Il avait les mains dans le dos, portait une capuche noire sur sa tête, et Alex ne pouvait voir si ses yeux étaient noirs. Mais il ne réfléchit pas une seconde de plus, et se lança les deux mains en avant pour le taillader.
    L’homme étrange fit un bond en arrière, poussant un énorme soupir, comme s’il faisait tous les efforts du monde. Alex était en déséquilibre. La seule chose qu’il vit, c’est une basket noire frapper violemment son torse, avant d’être projeté en arrière. Il retomba sur le dos, et la queue de billard lui fit très mal. Il se tortilla de douleur au sol.
    Phil, qui avait manqué de réaction, lâcha ses deux goulots sur l’agresseur, et tout en fonçant sur lui, il dégaina sa queue de billard. L’homme à capuche se tourna vers lui, et contre toute attente, il tomba sur ses deux genoux. Il avait l’air éreinté. Phil s’arrêta dans sa course. Puis il entendit une voix féminine venant de la fenêtre brisée :

    « Merde, laissez-le tranquille ! C’est pas un de ces monstres ! »
    « Putain mais vous êtes qui, demanda Phil en reposant sa queue de billard sur son épaule. »
    « Des survivants, répondit la jeune fille qui escaladait la fenêtre en prenant soin de ne pas se couper. »
    « Merde, continua Phil, merde, et merde ! Ton copain a défoncé la vitre, alors qu’on allait tout barricader ! »
    « On entendait parler à l’intérieur, alors on voulait voir, mais la porte était fermée, répondit la fille. Je m’appelle Melissa, et lui, c’est Wilhelm. »

    Au moment où elle tourna la tête pour regarder en direction de Wilhelm, elle le vit en train de courir derrière le comptoir. Il prit une bouteille d’alcool fort, la déboucha les mains dans son dos, et la posa sur le comptoir. Il se tourna ensuite, et attrapa le goulot avec sa bouche. Il leva la tête d’un coup sec, et il but d’un seul et unique trait le contenu entier de la bouteille. C’était de la Vodka. Melissa n’en croyait pas ses yeux. Lorsque Wilhelm termina sa bouteille, il en attrapa une autre, tout en grimaçant, et en respirant fort, mais au lieu de la boire, il la tourna afin de la vider. Le liquide coulait le long de ses mains, et il gémit de douleur, tremblant comme une feuille. Aucune personne dans cette salle n’aurait cru Wilhelm capable de se torturer ainsi.

    « Putain mais qu’est ce qu’il fout, grogna Phil. C’est un maso ce mec, c’est pas possible ! »
    « Il est gravement blessé, répondit Melissa tout en se dirigeant vers Alex qui était resté au sol pendant tout ce temps. »
    « En tout cas, fit Alex en se relevant, il m’a littéralement envoyé dans le décor. »
    « Y’a des outils ici ? Wilhelm a des menottes dans le dos, faudrait les lui enlever. »
    « Des menottes, cria Phil. Ton mec est un prisonnier ? »
    « Phil, viens voir, j’dois te parler, lança Alex qui l’attendait au fond de la salle. »

    Phil était devenu très nerveux depuis la bataille qui venait de se dérouler. Il semblait ne pas avoir confiance du tout en Melissa et encore moins en Wilhelm. Alex, quant à lui avait pris un ton très sérieux, et il attendait Phil de pied ferme. Lorsque ce dernier fut à côté de lui, il chuchota.

    « Tu crois pas que ce mec pourrait nous sortir de la merde ? »
    « Je sais pas si on doit faire confiance à deux jeunes branleurs. Regarde cette salope, elle est en slip, et lui il porte des menottes, ça sent pas bon tout ça. »
    « Phil, rétorque Alex, je pense que maintenant, il n’existe plus que deux camps ici. Les types bizarres, et les survivants. Elle a l’air d’avoir du sang-froid, et lui sait réellement se battre. »
    « Pffff, soupira Phil. T’as sûrement raison. Va chercher une scie ou un truc comme ça et détache-le. Faut que je me calme… »

    Sur ces mots, les deux compagnons se séparèrent, Alex allant dans l’arrière boutique, et Phil rejoignant les deux autres personnes. Il les regardait d’une façon menaçante, mais ses paroles, elles, semblaient rassurantes.

    « Bon, fit-il. T’as raison quand tu dis qu’à quatre on sera deux fois plus forts, mais à quatre, on va boire et manger deux fois plus. »
    « Je suis d’accord, répondit Melissa. Je connais bien Strasbourg, et y’a des supérettes dans le coin. On pourrait essayer d’aller les piller. »
    « L’ennui, c’est que ces saloperies courent très vite, et qu’on est dans la capitale. Il risque d’y avoir beaucoup de monde. Vous venez d’où vous ? »
    « J’ai eu un accident à Brumath en essayant de fuir, fit Melissa en baissant la tête. C’est à 20 bornes au nord d’ici. On a suivi le canal qui rejoint le fleuve, et on est entré dans le premier bâtiment qui nous semblait sûr. C'est-à-dire celui-ci… »
    « Putain, vous avez réussi à faire 20 bornes sans vous faire claquer la gueule, dit Phil. C’est incroyable, il sait vraiment se battre ton mec. »
    « C’est pas mon mec, rétorqua Melissa. Il m’a sauvé lors de mon accident, c’est là que j’l’ai rencontré. Il parle jamais, il se contente de frapper sur ces mecs bizarres et à me suivre. »
    « T’es sûre que c’est pas l’un d’entre eux ? Il montre jamais son visage. »
    « Hé les gars, lança Alex qui revenait de l’arrière boutique avec deux énormes sacs lourds. Vous devinerez jamais ce que j’viens de trouver. »
    « Un guide de survie ?, lança Phil ayant retrouvé le sourire qu’il avait perdu depuis trois heures. »
    « Des armes. Ces sacs sont remplis d’armes. Mais elles sont toutes démontées. Je sais pas comment ça marche. »
    « Fais-voir, grogna lentement Wilhelm qui sauta du comptoir sur lequel il était assis. »

    Alex ouvrit les fermetures des deux sacs et vida complètement leur contenu en plein milieu de la pièce. Wilhelm s'approcha du tas d’armes et se mit à genoux, scrutant attentivement le tout. Les trois autres l’observaient, étant donné qu’il ne parlait jamais et qu’il ne se manifestait que dans les moments les plus utiles. Il se releva, et soupira un grand coup.

    « Y’a de quoi faire deux Beretta, un fusil à pompe, et un fusil de chasse. Sur celui-là, le canon est tordu, il faudra le scier. Le destin nous chie enfin de l’or sur la gueule. »

    Il fit demi tour, et fit un grand saut pour atterrir à nouveau sur le comptoir où il se rassit. Melissa esquissa un léger sourire d’admiration, mais un regard de crainte. Ce mec semblait dangereux, imprévisible, mais terriblement efficace. Alex saisit la scie à métaux qu'il avait déniché dans la réserve et se dirigea vers Wilhelm. Il commença à le libérer de ses entraves…


    Mardi 29 janvier 2008
    Strasbourg, France (Alsace)
    Neuf minutes plus tard


    Elle ne savait pas combien de temps la cabine téléphonique allait tenir. Il y avait trois personnes bizarres autour en train de frapper dessus. Elle poussait du pied droit la porte afin qu’ils ne puissent pas entrer, mais elle portait des chaussures ouvertes à talons, elle ça commençait à lui faire mal. Tout en les repoussant ainsi, elle cherchait désespérément sa carte téléphonique dans son sac à main. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder leurs yeux emplis d’une noirceur terrifiante, leurs bouches grandes ouvertes, prêtes à se refermer dès qu’un morceau de chair fraîche viendrait s’interposer. L’un d’eux avait le goitre complètement arraché, et sa langue pendait par la gorge, vacillant au gré de ses gestes, comme la queue d’un chien.
    Puis soudain, elle sentit quelque chose de dur et fin dans sa main : elle avait trouvé sa carte. Elle se dépêcha de l’insérer dans la fente du téléphone, et de composer un numéro au hasard. Dans la région, les deux premiers chiffres étaient 03, puis 88, puis 01 pour la ville de Strasbourg, et elle en composa quatre autres au hasard, les larmes aux yeux, prise dans son excitation. Ça sonnait… Répondeur.
    Elle en composa un autre dans les mêmes conditions ; ça sonnait… Répondeur. Encore une fois. Elle recommença... Pareil. Les trois individus commençaient à s’enrager de plus en plus, à ne pas pouvoir atteindre la si belle Clara en jupe noire. Et soudain, après deux sonneries…

    « Allô, fit une voix masculine. »
    « Oh mon dieu, lança Clara. Faites quelque chose pour m’aider, je suis attaquée par des espèces de zombies enragés. »
    « Putain répondit la voix. T’es où ? »
    « Je suis dans la cabine dans une voie sans issue dqui mène à la gare. »
    « Merde, lança la voix. T’es à 500 mètres d’ici. »
    « Y’en a trois autour de la cabine, et les vitres commencent à se fendre. J’ai la trouille ! »
    « T’inquiète. On arrive. »

    Et le téléphone raccrocha. Elle perçut dans la voix que l’homme ne viendrait pas. Qu’il avait plus peur qu’autre chose de sortir de là où il était. Elle lâcha le combiné. Son pied commençait à faiblir, et elle éclata en sanglots. Elle s’imaginait déjà se faire éventrer par les trois monstres, mais son cauchemar fut interrompu par un bruit sec et très puissant, suivi d’un bruit flasque et répugnant. Un des hommes enragé venait de s’écrouler, le visage rempli de sang et de morceaux de cervelle. Les deux autres s’arrêtèrent de frapper et se retournèrent. Clara regarda par-dessus leurs épaules et vit une silhouette au loin qui portait une capuche noire, et apparemment une arme dans la main. Son sang ne fit qu’un tour. Elle ouvrit la porte d’une force surhumaine et bouscula les deux agresseurs. Tout sembla se ralentir autour d’elle.
    L’homme au loin sembla recharger son arme, alors que les deux monstres se ruaient vers Clara. Elle courait du mieux qu’elle pouvait mais ses talons la ralentissaient énormément. L’homme à la capuche se mit à courir dans sa direction. Il pointa son arme droit devant lui et un nouveau coup de feu retentit. Elle put sentir la balle filer à côté de son oreille gauche et se loger dans le crâne d’un autre agresseur, à en juger par le même bruit flasque de tout à l’heure. Clara et l’homme se croisèrent. Elle s’arrêta, mais lui fit un saut gigantesque et fracassa ses deux pieds dans la tête du dernier agresseur qui fit un bond en arrière, la nuque entièrement vrillée par le choc. L’homme s’écrasa dessus de son plein poids et se releva avec une vitesse presque surnaturelle. Clara l’observa. Puis elle ouvrit la parole.

    « M…Merci, fit-elle, émue. »
    « On est au bar « Au Camionneur », répondit l’homme. »

    Sur ces mots, ils virent une demi douzaine d’autres personnes arriver en courant vers eux. Ils savaient qu’ils étaient tous comme les autres. Il lui fit un signe vif d’aller vers le bar, tout en rechargeant son arme et en la rangeant dans une de ses poches. Elle commença à courir, sans même réfléchir. Elle voyait parfaitement le bar de là où elle était. Elle distinguait des silhouettes derrière les vitres condamnées, puis la grande porte s’ouvrit. C’était une fille qui l’attendait, une blonde aux cheveux longs.
    Elle parvint au bout de quelques instants à rejoindre le bar, et elle s’y enfonça comme si tous les démons de l’enfer étaient à ses trousses. La blonde garda la tête en dehors du bar encore quelques secondes, avant qu’un jeune homme en smoking la tira violemment à l’intérieur tout en claquant la porte.

    « Faut laisser cette putain de porte fermée, hurla l’homme. »
    « C’est plutôt ta gueule qu’il faudrait fermer, hurla la blonde. T’es qu’un gros con Phil, tu voulais pas qu’on la sauve et maintenant tu veux laisser Wilhelm dans la merde ? Ils sont six ou sept là bas. Il va crever, et on a assez d’armes pour le tirer de là ! »
    « Melissa, répondit une voix grave derrière le comptoir, tu devrais lui faire confiance à Wilhelm. Il va revenir. Tu le sais aussi bien que moi. »
    « Non, rétorqua Melissa, non Alex, il va crever… »

    A peine Melissa eut-elle fini sa phrase que quelqu’un frappait à grands coups dans la porte. Phil s’en approcha…

    « Wilhelm, fit-il. C’est toi ? Si c’est toi, dis quelque chose. »
    « Va te faire foutre, répondit Wilhelm qui attendait derrière la porte. »

    Phil l’ouvrit, et vit un poing ensanglanté s’encastrer dans son visage, avant de s’effondrer en arrière. Tout le monde, y compris Clara, pensa qu’il l’avait bien mérité. Il resta allongé au sol, ses deux mains posées sur son nez sanguinolent. Wilhelm entra dans la pièce sans dire un mot et alla se laver les mains derrière le comptoir. Il n’avait plus ses menottes, et il constatait enfin ses blessures profondes qui entouraient ses poignets. Il grogna quand l’eau entra en contact avec sa chair, et Clara alla le rejoindre.

    « Je m’appelle Clara, fit-elle en le regardant d’un air triste. Je suis médecin, montre-moi tes plaies. »

    Wilhelm fit comme s'il ne l’avait pas entendu. Il se contenta de couper l’eau et d’aller dans un autre endroit de la pièce. Clara jeta un regard à Melissa, qui l’observait en souriant.

    Elle était vêtue d’une jupe noire avec un décolleté à donner le vertige. Ses longues jambes sans aucune imperfection, ses cheveux noirs, et ses yeux vert clair la rendaient d’une beauté innommable. Elle était l’incarnation véritable de la beauté.

    « Wilhelm n’est pas très bavard, lança Melissa. »
    « Oh merde, cria Alex qui regardait par une des fenêtres. »
    « Quoi, s’exclama Melissa. »
    « Y’a deux mecs qui se font courser par des zombies ! »

    Sans perdre une seconde, Alex se rua vers la grande porte d’entrée. Phil, qui n’avait pas dit un seul mot depuis sa punition s’écarta, comprenant qu’il n’avait pas besoin d’essayer de dire quoi que ce soit.

    « Wilhelm, fit Alex d’un ton très sérieux, je compte sur toi si ça va mal. »
    « Enfin un qui me connait, répondit Wilhelm, dégainant un pistolet. »

    Alex ouvrit la porte et hurla de toutes ses forces…

    « Par ici !!! Venez nous rejoindre !!! »


    Mardi 29 janvier 2008
    Strasbourg, France (Alsace)
    Trois minutes plus tôt

    Armand commençait à sentir un poing de côté. Il fatiguait. Ce n’était pas le cas de son frère, qui avait l’air beaucoup plus sportif. Il n’osait pas regarder derrière lui. Cinq minutes auparavant, ils étaient trois à leur courir après. Mais il savait que d’autres s’étaient rajoutés en chemin. A l’instar d’un jeu vidéo auquel il avait joué à une époque, il pouvait certifier que la peur donnait des ailes.
    Les deux frères ne savaient pas où se cacher, ils étaient dans leur fac de lettre moderne, puis lorsqu’ils avaient atteint leur salle de cours, ils s’étaient rendus compte que certaines personnes avaient un peu de … mordant… Ils n’avaient trouvé aucune voiture pour partir, et ils avaient décidé de quitter Strasbourg le plus vite possible, loin de la population.
    Armand se remémorait tout cela, et au coin d’une rue, il vite une dizaine de cadavres jonchant le sol. Et une odeur bizarre flottait dans l'air. Ça sentait la poudre à canon ! Comme si quelqu’un avait utilisé une arme il n’y a pas longtemps. Son frère se retourna, et le saisit violemment pour l’encourager à aller plus vite.
    Ils passèrent à côté d’une cabine téléphonique où un autre cadavre avait éparpillé ses propres morceaux de cervelle sur la vitre, et ils sursautèrent lorsqu’ils entendirent une voix très grave hurler de toutes ses forces…

    « Par ici !!! Venez nous rejoindre !!! »

    Ils tournèrent la tête et virent un homme de couleur noire devant la porte d’un bar. Armand et son frère n’hésitèrent pas une seconde et prirent la direction de ce bar. Ils entendaient les grognements et les gémissements de leurs agresseurs derrière eux, ce qui leur donnait encore plus de conviction de ne pas s’arrêter.
    Mais soudain, Armand sentit qu’il venait de faire une grosse bêtise. Une énorme connerie, même… Il trébucha. Le temps sembla s'arrêter. Son frère s’éloignait pendant qu’il faisait sa chute au sol. Aucune douleur, aucune surprise. Juste le sentiment d’avoir perdu au jeu du loup. Ce sentiment que tous les gamins ont quand ils se cassent la gueule alors que le loup était après eux, c’était ça. Une fois au sol, il se retourna. Les agresseurs arrivaient, la rage macabre dans leurs yeux noirs, et la puissance démoniaque dans leurs mouvements. Il n’essayait même plus de se relever, il savait que ça ne servirait à rien.
    Alors qu’il regardait ses futurs assassins s’approcher de lui, il vit une silhouette sauter par-dessus lui, foncer dans le tas. C’était son frère. Il poussait un cri d’intimidation qui ne faisait même pas réagir les agresseurs.

    « Entre dans le bar, hurla le frère d’Armand. »

    Il entra en contact avec la mêlée. Le frère, ainsi que tous les agresseurs tombèrent au sol. Une autre silhouette passa à côté d’Armand, puis une autre encore. L’homme noir de peau et un autre homme avec une capuche sur la tête. Ils avaient tous les deux des armes de poing et ouvrirent le feu. Armand se leva le plus vite possible et marcha à reculons vers le bar, de façon à observer la scène. Les deux hommes armés rangèrent leurs armes une fois que tous les agresseurs étaient inertes, et aidèrent le frère d’Armand à se lever, puis ils entrèrent dans le bar. Il avait une morsure dans son mollet gauche, ce qui l’empêchait de se mettre sur ses deux jambes. Il clignait des yeux, et gémissait de douleur, alors que les deux hommes le traînaient de toutes leurs forces.
    Le bar n’était qu’à quelques pas, et Armand s’était joint aux deux inconnus pour tirer son frère encore plus rapidement. Une blonde attendait de fermer la porte dès qu’ils seraient rentrés. Une fois à l’intérieur, elle poussa la porte de toutes ses forces.
    Le frère d’Armand était en train de se tortiller au sol, et il commençait à pousser des cris de douleur. Sa jambe était secouée de spasmes, et même Clara, qui était médecin paniquait, ne sachant ce qui lui arrivait vraiment.

    « Putain, ça brûle, criait-il continuellement. »

    Wilhelm constatait la scène, et sembla baisser la tête. Il savait ce qui allait se passer. Phil, était en état de choc, car ses nerfs paraissaient ne plus tenir. Tous regardaient ce jeune homme d’une vingtaine d’années se faire torturer par un mal qu’ils ignoraient. Il se mit sur son dos et trembla comme une feuille. Ses yeux étaient écarquillés, sa bouche grande ouverte, quelque chose sembla changer dans son regard. On aurait dit qu’on lui injectait doucement de l’encre dans les yeux. De l’encre noire… Putain ! Tous, excepté Alex et Wilhelm, firent un grand pas en arrière, conscients de ce qu’il allait devenir. Les cris de la victime devenaient de plus en plus grave, et ils commençaient de plus en plus à ressembler à des grognements. Puis une énorme gerbe de sang gicla de sa bouche, ou plutôt, il semblait vomir ses tripes au sens propre du terme. Melissa détourna son regard, tellement elle était répugnée, et Alex regarda Wilhelm. Ce dernier respirait fort. Pour la première fois depuis son arrivée au bar, il semblait stresser.
    Puis soudain, le frère d’Armand, qui s’était transformé en dix secondes en un vulgaire zombie comme ceux qui couraient dans les rues, se leva avec une vivacité étonnante, et se jeta sur Wilhelm, pris au dépourvu. Ils tombèrent au sol, et une lutte commença. Wilhelm n’avait aucun avantage, mais il finit par coincer son genou sur l’entrejambe de son agresseur, et de le projeter loin derrière lui. Il tomba au sol la tête la première, et sa nuque se brisa dans un bruit écoeurant. Armand poussa un cri lorsqu’il vit cela.

    « Fils de pute, hurla-t-il, t’as buté Henry ! T’as buté mon frère ! »

    Il se jeta sur Wilhelm qui était encore au sol, mais cette fois-ci, il anticipa l’assaut, et faucha Armand afin de le faire tomber en arrière. Dans ce même mouvement, il se releva et empoigna Armand par le col, et le tira violemment vers son visage. Wilhelm serrait les dents, et semblait prêt à lui mettre un coup de tête en pleine figure, mais il chuchota assez fort pour que tout le monde puisse entendre :

    « Estime-toi heureux d’être encore en vie. »
    « J’aurais préféré crever avec lui, répondit sèchement Armand. »
    « Je te rappelle que c’est moi qu’il voulait tuer, pas toi. Mais la prochaine fois que t’en auras un au cul, et vu que tu préfères crever, je le laisserai te bouffer la gueule… »

    Armand ne sut que répondre à ce que Wilhelm venait de dire. Phil avait envie de rajouter son grain de sel, mais il préférait se taire plutôt que de s’en reprendre une dans la tronche. Wilhelm lâcha sa prise, et Armand tomba à nouveau au sol. Wilhelm s’en alla dans la salle arrière du bar, en claquant violemment la porte. Armand ne se releva qu’à ce moment précis pour rejoindre la dépouille de son frère. Il ne trouvait même pas la force de pleurer, il était trop stressé pour ça. Il n’arrivait même pas à éprouver un sentiment pour ce qui restait de son frère.

    Melissa s’assit à une table, et s’y accorda une minute de répit. Clara alla la rejoindre, ainsi que Phil. Il avait un regard vide et impassible. Puis il ouvrit une nouvelle discussion :

    « Ce mec est dangereux, fit-il d’une voix assez basse pour que Wilhelm ne puisse l’entendre. »
    « Non, répondit Melissa, c’est un type qui a du sang froid, et qui sait prendre les bonnes décisions. Si on ne l’avait pas suivi, Clara et le mec là-bas seraient morts eux aussi. »
    « Tu as raison, confirma Alex qui venait s’asseoir avec le reste de la bande. Ce Wilhelm est une bénédiction dans cette grande malédiction qui nous est tombée dessus. »
    « Et vous croyez que c’est partout pareil, demanda Clara. »
    « Pfff, répondit Phil. Tu crois franchement que l’armée, ou les trucs de ce genre se laisseraient buter par ces zombies ? La question qu’il faudrait commencer à se poser, c’est quand on va venir nous secourir, et comment s’y prendre pour qu’ils ne nous confondent pas avec les autres ? »
    « Il faut partir du principe qu’on va pas se faire secourir tout de suite, lança Melissa. Il faut qu’on puisse se barricader solidement, trouver à manger, et à boire. Et laisser le temps s’écouler. »
    « Bon, pour ce qui est de boire, on devrait pas avoir de mal à trouver ça ici, continua Alex. Y’a des sandwiches aussi, et plein de cochonneries à manger. Y’a moyen de tenir un petit moment . »
    « Bien, fit Melissa. Il va quand même falloir élire quelqu’un qui prenne les décisions de ce que nous allons faire. Il faudra un leader parmi nous… »

    Dès qu’elle eut fini sa phrase, la porte donnant à l’arrière du bar s’ouvrit dans un grand bruit, et Wilhelm arriva, furieux. Il tenait la poignée de la porte avec sa main droite, et regardait le groupe. Tous le regardèrent, et il prit la parole :

    « Melissa, tu viens de baisser dans mon estime. Le premier qui se proclame chef, je me chargerai de le rendre à ceux qui grouillent dans les rues. »

    Sur ces mots, il se retira à nouveau dans l’arrière salle, et claqua la porte encore plus fort que la première fois. Melissa était bouche grande ouverte, les yeux pleins d’émotion. Son regard fixé sur la porte par laquelle Wilhelm avait fait son discours se transforma en regard apeuré, et elle inspira très fort avant de fermer sa bouche. Elle savait qui était Wilhelm…
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    Message  Frederis Jeu 17 Nov 2011 - 10:56

    Un up ! sur ces extraits que je n'ai pas encore lu en entier mais qui témoignent d'un style maîtrisé.

    Je pose une question : cherches-tu qulequ'un pour réaliser un audiobook ?
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    Message  W-V-A Jeu 17 Nov 2011 - 14:00

    Je n'y avais jamais pensé, étant donné que j'essaie désespérément de le publier en véritable bouquin qu'on peut retrouver dans ce genre d'endroit où nous, les PCistes n'allons pratiquement plus, les libraires.

    Piste intéressante. Si ça t'embête pas de m'envoyer un échantillon genre de la première partie du chapitre (avec Melissa et son frère), je n'ai jamais "entendu" mon histoire, encore moins de la bouche d'un autre. Je suis curieux de voir ce que ça pourrait donner...

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